DOMINANTS DE L'ESPACE DANS LE ROMAN D'ALEXANDRE ILITCHEVSKY «LE DESSIN DE NEWTON»

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  Le roman est le genre le plus populaire de la littérature. Le terme de «roman» date du Moyen Âge.

 À l’heure actuelleLe roman est  le genre le plus visible de la littérature.

Les romans peuvent être répartis en sous-genres. La particularité du «grand» roman est transgresser les classifications et de dérouter le lecteur. Les chercheurs notent les genres romanesques:

– roman sentimentaux;

– roman de mœurs;

– roman d’apprentissage;

– roman d’anticipation ou de science-fiction;

– roman d’aventures;

– roman philosophique;

– roman picaresque;

– roman policier;

– roman historique;

– roman d’horreur.

Selon M. Blanchot [1, p. 231], l'incomplétude du roman réside dans l'idée de la communication par la lecture, lorsque l'auteur et le lecteur sont également devant la création et à l'intérieur.

Les études sur l'espace du roman et la géopoéthique appartiennent à Roland Burnouf [2], М. Marszałek, S.Sasse  [3], K. White [4]  etc.

L’espace du roman est ainsi situé dans le cadre des interrogations modernes portant sur la représentation par l'écriture. Le paysage ressort par conséquent de ces œuvres, renouvelant l'approche des questions, à dimension philosophique et liés avec la situation de l'homme dans le monde. Le monde intérieur de l'homme devient visible dans l'espace artistique du roman en raison de son lien étroit avec la modernité et d'une caractéristique particulière du genre - son "inachevé".

La thématique de la confrontation d'un héros à ce qui le dépasse ou lui échappe, ainsi présente dans les œuvres, a des conséquences sur la poétique du roman : c'est l'écriture elle-même qui manifeste un dépassement ou une inadéquation avec son objet, et se fait ainsi révélation d'une transcendance en creux, dont la présence paradoxale se réalise dans le langage romanesque.

Dans cet article, nous avons recours au travail de l'écrivain moderne - Alexander Ilitchevsky  (ècrivain, romancier, poète, essayiste, scénariste) - lauréat des prix «Russkiy Bucker» («Matisse» 2007), «Bolshaya kniga» («Pers» 2010, «Dessin de Newton» 2020). Auteur de 32 livres, 11 romans, 5 recueils de nouvelles, 4 recueils de poèmes, 6 recueils d'essais.

Сertains chercheurs appellent les romans A. Ilitchevsky comme les romans-travelogs. Par exemple, D. Fomina écrit que la structure du roman se rappelle le tronc de l'arbre avec les branches[5].

 

Conditions et méthodes de recherche

 

Le but de cette étude est de déterminer le rôle et la place des dominants spatiaux dans la poétique du roman d'Ilitchevsky "Le Dessin de Newton".

En tant que méthodes de recherche, la méthode d'analyse, la méthode descriptive et herméneutique, la méthode d'analyse des composants, complexes et systématiques ont été utilisées.

 

Résultats et discussion

 

Avec la diversité des types du genre du roman, de nombreux chercheurs notent la difficulté à déterminer le sous-genre d'un texte du roman particulier et l'impossibilité de déterminer sans équivoque sa variété. Ainsi, le scientifique français Michel Collon voit la raison de cela dans l'influence de l'espace et de sa perception. Le chercheur M. Baravalle remarque que «Le dépaysement est présenté par Collot comme un exemple de ce que la géographie littéraire peut apporter au renouvellement des formes et des genres»[6].

C’est en 1957 que Gaston Bachelard fait paraître dans les éditions PUF, son ouvrage “La poétique de l’espace” [7]. Selon Bachelard, tout l’espace habitable porte l'essence de la maison. Le logement est l'unité de l'image et du souvenir, c'est un mélange d'imagination et de mémoire.

Dans le roman d'Ilitchevsky "Le Dessin de Newton"[8], l'image de la maison est une dominante importante dans l'espace du héros. Le personnage principal est un physicien scientifique. Il s'appelle Constantin Weiss. Son père l'a nommé en l'honneur de Konstantin Tsiolkovsky. L'enfance et la jeunesse du héros ont eu lieu à Moscou, puis dans le cadre de son travail et de ses recherches, il se déplace dans le monde. Le but du héros est de trouver le père qui a disparu.

Chemin faisant vers la recherche, le héros trouve lui-même et sa place dans le monde.

Dans le roman, le paysage est étroitement lié à la vision du monde du personnage: il cherche son espace. Son chemin passe par la station "Pamir-Сhakaltaya", la station de recherche Belomorsk, le laboratoire scientifique de l'institut de Moscou. Ainsi, avec l'image de la maison des souvenirs d'enfance, l'espace du laboratoire scientifique est une dominante importante pour le héros.

Après son père, Constantin arrive à Jérusalem. La il étudie la maison de son père, ses archives, ses photographies. Ainsi, la maison de Victor Weiss semble être un musée, tout comme la ville elle - même, un musée en plein air. La ville est pleine d'antiquités. C'est la maison de son père qui est associée au motif du verre, appelé "pillbox".

L'espace de la vie accueille la mémoire non seulement de son père, mais de l'histoire de toute une ville. L'image de la maison et du musée sont interconnectées par le fil de la mémoire du passé. La maison de Victor Weiss abrite de nombreuses photographies du début du siècle prises par les voyageurs sur le dirigeable Zeppelin.

Dans le roman, le thème de l'aéronautique passe par le fil.

L'ère du dirigeable est représentée par l'enfance de son père à Dolgoprudny, près de Moscou.  Selon les souvenirs de son père lá il n'y avait pas assez de tours pour fixer les dirigeables. Et le père se souvient des dirigeables fixés aux peupliers.

Et bien sûr, c'est le dirigeable du cоmte Zeppelin dans les années 1920.

L'espace dans le roman est construit sur la base de paraboles elliptiques et hyperboliques. C'est un regard sur la structure interne du point de vue des lois physiques et mathématiques. L'espace environnant est perçu non seulement du point de vue extérieur, mais sa structure interne est également exposée.

Pour la première fois, l'image des ellipses et des ellipsoïdes frappe Constantin lorsqu'il pénètre à l'intérieur du squelette du dirigeable.

Les images des dirigeables à Dolgoprudny à Moscou dans l'enfance de son père ne sont pas seulement des géants attachés aux mâts et aux peupliers dans le ciel. L'image du dirigeable est multi-significative, elle est associée à l'image des héros-testeurs et des scientifiques-inventeurs de l'époque. Victor Weiss vit dans un appartement communal qui appartenait à Gudovantsev, le commandant de l'équipage «Vostok-6». Tous les membres de l'équipage sont morts en essayant de sauver un groupe de Рapanin sur la banquise.

Les photos de la maison-pillbox avec le dirigeable du comte Zeppelin sur  d'archives distingue 2 plans spatiaux. Le premier est une vue de la terre sur un énorme avion planant au-dessus de la ville. Le second est une photo de Jérusalem de la gondole du dirigeable. Ces photos montrent 2 vues: de la surface de la terre et de la hauteur céleste sur la ville. Ce n'est pas un hasard si l'image d'un dirigeable planant affecte la perception de Jérusalem elle-même, qui dans le roman est comparée à l'île de Laputa, décrite dans le roman de Swift sur Gulliver.

Les ellipses dans la structure de l'espace sont représentées non seulement dans les images des dirigeables, mais aussi dans les réalisations techniques des siècles passés. Dans le système arqué des ponts-aqueducs de Jérusalem étaient pour l'époque la plus grande amélioration technique. C'est par le système des aqueducs que l'eau pure est arrivée dans la ville antique. Cette forme d'arc-parabole chez Ilitchevsky est importante en tant q’une dominante du paysage environnant. La parabole relie les découvertes techniques de l'histoire ancienne de l'humanité de l'arche et des aqueducs à la technologie dans l'histoire récente du XXe siècle. Les formes paraboliques et les structures arquées sont reflétées à plusieurs reprises dans la structure des aéronefs (dirigeables, avions). Le rôle de l'homme et de son début créatif dans la création de la technique est également important pour les héros et l'auteur. Á la station Pamir-Сhakaltaya Constantin Weiss trouve les photos collective des chercheurs au milieu du XXe siècle dont les vues sont tournées vers le centre de la parabole. Il perçoit les clichés collectifs à travers l'image musicale et théâtrale du chœur.

 L'image du dirigeable est également liée principalement à la figure du père de Victor Weiss et à sa signification principale pour Constantin. Depuis l'enfance, le personnage principale perçoit son père comme un géant quand il le voit au lit après une autre expédition. Et cette image du père-Gulliver au pays des lilliputiens donne naissance de Laputa. Il s'agit d'un Temple recréé à l'aide d'un système de miroirs optiques installés dans des caméras Obscura sur les montagnes environnantes de Jérusalem. C'est une image de l'idée incarnée du père qui plane au-dessus de la ville. La ville-temple, arrachée de l'ordinaire de la vie et proche de Dieu.

Ainsi apparaît une autre dominante importante du paysage - la cathédrale. L'espace dans le roman, en plus du plan horizontal, a un axe vertical. La compréhension de l'importance du monde spirituel de l'homme est transmise par une séparation du monde quotidien. À Jérusalem, le héros marche sur les chemins de son père, qui cherche les traces du grand Temple de Salomon, perdu aujourd'hui.

Les images musicales remplissent l'espace du roman d'un son spécial. L'espace devient non seulement visuellement représenté, mais aussi perçu à l'oreille. Moscou sonne dans le roman avec la musique du compositeur Moussorgsky, Leningrad est le «courant élancé de Haendel et de la tempête de Chostakovitch», et Jérusalem est le son du «vingt – troisième Concerto pour piano de Mozart» [8, p. 228].

En plus de la musique, l'espace du roman est rempli d'images pittoresques de peintures. Pour le héros, Jérusalem est un véritable musée en plein air. Konstantin Weiss perçoit l'espace de la ville à travers les chefs-d'œuvre de la peinture mondiale et russe: le tableau-fresque «la Cène» de Leonardo et le tableau «le Christ et la Pécheresse» de Vasily Polenov. Les dominants de Jérusalem sont des lieux liés à l'histoire biblique du Christ et au Temple de Salomon en ruine.

L'insaisissable palette du paysage environnant de Jérusalem a été captée par l'artiste du même âge du XXe siècle, Anne Thibault. Une propriété particulière de l'espace de la ville antique dans sa transparence et son aquarelle.

Victor Weiss se réfère à un cycle de peinture religiose russe de Polenov. La recherche du père et sa disparition sont le mystère du paysage de Jérusalem: l'essence est en présence du mystère et du caché.

Dans la finale du roman, le héros ne trouve pas le père disparu, mais grâce aux données déchiffrées de la station "Pamir-Chakaltaya", il utilise un système de miroirs pour recréer l'image visible du Temple de Salomon. Le temple doré apparaît, planant au-dessus de Jérusalem, comme Laputa du roman de Swift et les dessins animés de Miyazaki.

 

 

 Conclusions

En conclusion il convient de noter, que le rôle des dominants spatiaux dans le roman d'Ilitchevsky «Le Dessin de Newton» a été déterminé. On voit la relations les images du paysage environnant avec le monde spirituel du héros, son état intérieur. C'est un point de vue spécial sur l'espace environnant qui concentre le regard spécial du héros. L'image de la valeur du monde  scientifique est concentrée dans la sphère spirituelle associée à la science, qui est étrangère à la vanité du monde ordinaire. La position du héros-observateur est associée aux dominantes spatiales du paysage: hauts bâtiments, sommets des montagnes, la vue du bord d'un avion, d'un dirigeable. Cet emplacement du héros et sa perception du monde qui l'entoure sont également transmis à travers les images d'aéronefs. Dans cette période, le principe de la représentation visuelle de l'espace se change et, à partir du plan horizontal, la perception est remplacée par des plans dans la projection verticale. L'ère du développement des avions a également affecté la conscience humaine, ses relations avec l'environnement. Cette séparation de l'homme de la terre au début du XXe siècle, l'auteur associe le désir de comprendre les mystères de l'Univers, et le développement de la science arrache le scientifique de la terre, le rapproche de l'image du créateur qui crée les débuts. Ainsi, le point de vue spatial du héros et le monde qui l'entoure révèlent non seulement le monde intérieur du héros, mais aussi l'axiologie du roman d’Ilitchevsky «Le Dessin de Newton».

About the authors

Liliya Sidorenko

Samara National Research University, Samara

Author for correspondence.
Email: lilsidorenko@yandex.ru
ORCID iD: 0009-0006-8363-5782
SPIN-code: 1362-3443

Postgraduate student of the Department of Russian and Foreign Literature and Public Relations of the Samara National Research University

Russian Federation, 34 Moskovskoe shosse, Samara, 443086, Russian Federation

Ludmila Petrovna Merkulova

Samara National Research University, Samara

Email: mlp@ssau.ru
ORCID iD: 0000-0003-0793-4757
Scopus Author ID: 57192977690

Doctor of Pedagogical Sciences, Professor

Department of Foreign Languages and Russian as a Foreign Language, Head of the Department

Russian Federation, 34 Moskovskoe shosse, Samara, 443086, Russian Federation

References

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